Le loup qui mangeait n'importe quoi

Cloîtré dans sa tanière depuis le début de l'hiver, le loup en a plus qu'assez de cette diète forcée. L'animal affamé brave le froid à la recherche d'une proie. La chance lui sourit en la personne d'une brebis solitaire, rejetée par son troupeau à cause de ses rots récurrents. Parfait, se dit Ysengrin qui n'en fait qu'une bouchée. En se réveillant d'un repos bien mérité, le loup est pris d'une irrésistible envie de roter. « C'est un style », pense-t-il. Quelques jours plus tard, le prédateur jette son dévolu sur un vieux porc péteur, puis sur un écolier amateur de crottes de nez… Désormais, le mauvais sort s'acharne sur le pauvre animal qui rote, pète, mange ses crottes de nez et ronge ses ongles. Ce qui devait être un style au début vire au cauchemar pour le loup qui lorgne du côté de la falaise pour abréger ses souffrances. Et c'est là qu'il aperçoit le vilain rimeur, l'affreux narrateur, la cause de tous ses malheurs...

On se réjouissait de découvrir cet album écrit et illustré par un tandem d'auteurs talentueux, le romancier Christophe Donner et le bédéiste Manu Larcenet. La couverture très réussie donne carrément envie de se lancer... En découvrant le texte, on reste un peu perplexe devant l'abondance de rimes. En se pliant à cet art, l'auteur se voit contraint de complexifier le langage au détriment de la compréhension, notamment des enfants. Dommage, parce que l'histoire est plutôt drôle et bien enlevée - avec son côté régressif et ce benêt de loup en culotte bleue - et rehaussée par des illustrations pas piquées des hannetons !