Le petit Poucet

Petit format, petit personnage, Petit Poucet se reconnaît à son bonnet pointu. Il marche en tête, devant ses six frères, l’air déterminé. On suit leur chemin dans la forêt. Petit Poucet est fier, sans inquiétude puisqu’il a semé des miettes de pain derrière lui…

Première surprise, l’histoire racontée par Thisou Dartois est connue, fidèle à la tradition mais l’auteure a coupé l’introduction. La situation de la famille, l’abandon des parents n’existent pas. On rentre directement dans l’action au moment critique, celui où les oiseaux mangent les miettes et où les enfants se retrouvent face à leur destin malheureux.

Seconde surprise, l’illustration de cette histoire est brodée ce qui permet de lire les images en filigrane et dévoile un sous-texte inconnu. Ainsi, le chemin de Poucet, bien droit et net entre les sapins au recto, est pointillé au verso, en raison des miettes de pain. Ainsi, alors que le texte brodé déclare que la forêt est belle, le verso montre l’envers du décor. Le brouillage des fils et des pistes, l’intervention du Chaperon rouge dans l’histoire du Poucet expliquent que « la forêt fait peur ».

Ces deux aspects caractérisent cette version du Poucet. Liberté avec l’histoire et méli-mélo de contes donnent son originalité à l’histoire mais surtout la broderie, si vieille technique, permet des subtilités insoupçonnées et crée des images troublantes. Les pages recto verso où sont échangés les bonnets entre les sept garçons et les sept filles de l’ogre est saisissante tout comme celle où le loup réduit à une paire d’yeux et à sa gueule rouge, laisse apparaître la grand-mère avalée !

En conclusion, un petit livre très futé qui rebat les cartes d’histoires très connues puisque on croise le Chaperon rouge, les trois ours, Bambi, l’ogre (cyclope) - mais surtout utilise toutes les ressources d’une tradition artisanale ignorée qui réserve d’heureuses surprises.