Le Programme. Cible n° 1

Benjamin n'a pas vingt ans, mais déjà l'âme désabusée. Petit garçon, il a vu ses parents tués par ceux-là mêmes qui l'ont ensuite enrôlé en tant que tueur professionnel. Solitaire, surentraîné, il reçoit ses ordres de manière cryptée et vole de mission en mission. Celle qu'on vient de lui confier est inhabituelle : durée très courte, cible très connue. Benjamin va devoir en effet approcher le maire de New-York à travers sa fille unique, Samara...

C'est le roman d'action par excellence, avec théorie du complot sous-jacente. Le « Programme » n'a pas d'autre nom ni de finalités claires y compris pour Benjamin, qui d'ailleurs commence à se rebeller dans ce premier tome, en embauchant son propre espion. Narrateur minute par minute (le roman se compose de courts chapitres), le héros nous explique comment il utilise son téléphone crypté, détecte une faiblesse physique chez son adversaire, etc. Rarement, il avoue une émotion, laisse deviner un passé douloureux ou un espoir amoureux en l'avenir.
La mission reste un tantinet confuse (Samara en espionne à la solde d'Israël) mais peu importe : Benjamin joue son rôle à la perfection, et ses phrases sèches intriguent au fil des pages. Du fait de la concision, et pour un roman qui se veut visuel, il manque peut-être un souffle, ou bien une dynamique ambitieuse du Programme. Plus regrettable, la place des femmes (excepté la « Mère » omnipotente) n'est pas flatteuse. Bien que des descriptions correspondent à ce qui est attendu d'un professionnel comme Benjamin, les filles sont souvent réduites à leur taille et leurs vêtements. Sam, d'abord et longtemps maligne donc supérieure, finira en victime de son amour pour un beau soldat. Calibré et efficace, Le Programme remplit donc son office sans mal mais sans originalité.