Le terrible Effaceur

« Noire la nuit, noir le jour. Et le monde devient plus sombre qu’un grand four ».

Ce refrain donne le ton du roman de Marie-Sabine Roger. Dans un pays calme et heureux survient un jour le terrible Effaceur armé d’une grande gomme et très vite s’installe la peur qui paralyse les habitants.
« Le temps d’avant », « l’Effaceur vient », « l’Effaceur est partout chez lui », « les gens ont peur » « la petite », « les gens se taisent », « la petite prend la parole », « la colère de l’Effaceur ». Ces têtes de chapitres de deux, trois pages, balisent le récit et dessinent à eux-mêmes l’histoire. Les jeunes lecteurs pourront y trouver un point d’appui pour entrer dans la compréhension du texte.
Cette description du totalitarisme à l’usage des enfants peut paraître sommaire à première lecture. Mais très vite, la silhouette du grand Effaceur réveille des films noirs et des peurs profondes. Tout de suite, le rythme de l’écriture prend le lecteur ou l’auditeur car le style mis en œuvre par l’auteure se prêterait particulièrement bien à une lecture à haute voix.
« Plus de rires ni de chansons.
Méfiance, silence. Soupçon »
Phrases courtes, mots images, rimes intérieures, vers courts ou alexandrins dissimulés dans le discours engendrent une atmosphère étouffante et un rythme haletant.
Très construit, bien mis en page, d’une belle écriture forte, voilà donc une « petit poche » qui répond parfaitement à son objectif.