Le voyage en poisson

En suspension dans l’espace de la page, un enfant dort, veillé par un poisson. Récit de rêve et d’apprentissage, le titre intrigue. On connaît le voyage en train ou en voiture mais un voyage « en poisson », étrange ! Le héros Peregrin et Nickeling son poisson s’engagent dans une promenade qui les conduit dans un pays imaginaire. Lieu d’utopie, le pays que rencontre Peregrin est sans conflit, sans tension. La ville ne comporte pas de commerces, les « vêtements appartiennent à ceux qui en ont besoin ; celui qui a faim se nourrit ». Occupé par des enfants, ce territoire n’est pas pour autant celui de l’oisiveté. Non, les enfants y travaillent avec bonheur. « Chacun fait ce qui le rend heureux, voilà ce qui est si bon. ». La valorisation du travail n’a pas de fondement moral : chacun travaille pour le plaisir de montrer ce qu’il sait faire. Harmonie entre enfants, harmonie avec la nature et les animaux, l’écriture rythme ce bonheur d’être au monde, d’imaginer un monde qui « n’est pas encore tout à fait vrai. ». Derniers mots du texte qui sonnent comme une promesse ; l’illustration renforce la douceur et la paix. Un peu figés, les personnages aux couleurs tendres racontent cet univers distant et chéri. Une belle mise en page et une notice explicative donnent toute sa place à cette œuvre rare.

C’est toujours avec émotion et curiosité que l’on se saisit de ces œuvres anciennes rééditées. Elles constituent un trésor de sagesse et de poésie transmis de génération en génération dans l’étonnement de leur intemporalité.