Beth, c’est son surnom, habite en Alaska. Elle est fille, hélas, d’un rude trappeur nommé Ruppert, dernier d’une longue lignée de trappeurs prénommés ainsi. Une calamité, selon son père, parce que Beth ne supporte pas de tuer les animaux.

Le jour de ses huit ans, elle qui connaît chacun d’eux par leur nom, cède à l’ultimatum de son père et tue un de leur trente lapins. Elle choisit de tuer Ruppert, ainsi nommé parce qu’il est méchant…

Premier animal tué mais aussi le dernier, elle devient vétérinaire à la mort de ses parents, et retourne dans leur ferme perdue au milieu de nulle part. Elle vivote mais vit selon ses choix, son éthique.

Même recluse, Beth n’est pas sans savoir que Donald Trump a été élu président des États-Unis, elle en fait un portrait vraiment peu flatteur : « Je détestais tout chez ce bonhomme gonflé à l’hélium, affublé d’un prénom de canard et dont la tête grasse et caoutchouteuse semblait couverte d’une queue de renard mort ! ».

Greta Thunberg et son discours à l’ONU « comment osez-vous ? », le rassemblement de Davos avec l’affrontement Greta/Trump par discours interposés, Elisabeth sort de sa tanière et prend fait et cause pour les combats écologiques.

Un jour, un grattement, un grognement à la porte… Un ours ! Pas n’importe lequel, son ours, sauvé précédemment et il parle ! Est-elle folle ?

Entre l’ex-ourson, Boule de Poil, et Beth, Peau-Rose, s’engage un dialogue étrange de fantaisie et de philosophie. L’ours dévoile l’organisation animale, l’O.I.E (Office d’Informations des Éléphants), il remonte le temps et conclut : au lieu de prendre soin de votre maison, vous la saccagez et allez voir ailleurs. Le plaidoyer semble un peu long mais place les enjeux avec pertinence dans la trame narrative.

Les illustrations pleine page, noir et blanc très sympathiques, construisent l’ambiance, cabane, forêt, animaux, avec le même humour que le texte.

Ce roman, dans la lignée du Livre de la jungle ou de James Curwood, mélange règne animal et fable morale et fantaisiste. Il étonne par la vivacité de son propos au profit d’un maître-mot « solidarité » contre le « Nonami », surnom de Donald Trump. Le texte est d’une grande richesse stylistique avec des jeux de mots, une parodie de procès, des portraits à charge en appui à une trame rocambolesque : enlever Donald Trump lorsqu’il est au golf.

Avec le secours des animaux amis, Beth s’enfonce dans la Forêt Invisible et s’y réfugie pendant 20 ans. Pour ne pas oublier, elle raconte ce que nous venons de lire…

Un roman riche de péripéties et d’arguments, Nicolas Keszei et Grégoire Mabire cultivent en même temps ces deux dimensions et c’est décapant.

Danielle Bertrand

Présentation par l'éditeur

Depuis toujours, Beth préfère la compagnie des animaux à celle des humains. Recluse dans une cabane au cœur de l'Alaska, elle recueille des animaux blessés et prend soin d'eux. Mais sa douce retraite prend soudainement fin quand elle reçoit la visite d'un ours très particulier. Doué de parole, il vient transmettre la requête des animaux de la forêt : les aider à se débarrasser définitivement de Donald Trump !