Les ailés

Nous sommes au XXIIème siècle, après la Catastrophe. La Terre a survécu au choc d’un astéroïde mais les eaux ont envahi les terres. Paris est désormais une ville noyée au sein de laquelle survivent des clans : les habitants de la Cité des vents (La Défense) munis d’ULM, les pirates en périphérie, les enfants de Dyoun aux mains palmées et amis des dauphins sur la Tour des Elfes (la Tour Eiffel), etc. Les Ailés, un groupe d’humains eux aussi génétiquement modifiés, originaires d’Ecosse, arrivent par le fleuve sous l’impulsion d’un songe de leur chef, Antarès. Il a rêvé qu’il devait raser et reconstruire Montmartre, aidé en cela de la « Chose », une monstruosité dont ne nous découvrirons l’apparence qu’à la fin du roman. Rudy, de la Cité des vents, Myrha, jeune Ailée, et Elorn, enfant de Dyoun, vont être amenés à se croiser, et parfois s’affronter, dans ce jeu guerrier des adultes qui reproduit une nouvelle Histoire de France.

Ce tome, « Les Ailés », appartient à un ensemble large, « Le Cycle des destins », et se réfère même à des ouvrages uniques plus anciens de l’auteur. Bref, Eric Simard construit peu à peu un univers, chaque livre pouvant toutefois se lire indépendamment. Nous sommes dans l’anticipation post-apocalypse, un fantastique se rapprochant des réalités humaines immuables : leaders s’arrogeant l’autorité, majorité de la population soumise, pseudo-religion guidant les efforts (Antarès s’apparente à une sorte de gourou), etc.

Le narrateur omniscient suit tout son petit monde, et particulièrement les trois héros. Rudy et Elorn tombent évidemment amoureux de Myrha, laquelle reste blessée d’une précédente relation. Au-delà de ces psychologies et de cette atmosphère adolescente quelque part douce car connue, la vie quotidienne est extrêmement rude : absence d’eau potable, de nourriture (les Montmartrois mangent des gâteaux de sauterelles), épidémies menaçantes… Malgré des dialogues nombreux qui finissent par hacher le récit, l’histoire se lit rapidement et aisément. Devenu classique et solide, le genre, héritage de la collection Soon de Syros, est toutefois un peu décalé pour des lecteurs d’aujourd’hui habitués à être davantage séduits immédiatement.