Les cygnes sauvages

L’histoire, classique, est d’Andersen : une marâtre transforme ses onze beaux-fils en cygnes et fait adopter sa belle-fille. Des années plus tard, la douce enfant devenue adulte veut sauver ses frères. Pour cela, elle doit courageusement, silencieusement, et contre tous les obstacles, coudre des tuniques en feuilles d’orties. Y parviendra-t-elle ?

Respectant le ton solennel, un peu dramatique et aussi roulant en bouche du conteur, Kochka offre un texte bien sûr beaucoup plus court que l’original, et délicat, en parfaite cohérence avec les illustrations de Charlotte Gastaut. Ces dernières, toujours aussi minutieuses, offrent des motifs russes (les fleurs sur la robe et dans les cheveux de l’héroïne) tout autant qu’asiatiques (les rochers des montagnes, les vagues). Elles ravissent l’œil par leur mise en scène, par leur grâce légère que ne gêne en aucun cas leur caractère figé de belles peintures. Elles amusent encore : la belle-mère porte une robe à têtes de mort, tandis que Kochka s’empresse de rapporter « une femme au cœur plus petit qu’un dé à coudre ». Alternant les dispositions dans la page, les couleurs et les médaillons noir et or, tout cela forme une adaptation bien réussie, où texte et dessins se mêlent sans que l’un prenne le pas sur l’autre : une harmonie, à défaut d’une sérénité à travers le conte !