Les pêcheurs d'éternité

A l’occasion des huit ans de sa petite-fille, Papou choisit non pas de lui offrir un jouet, bien matériel éphémère, mais plutôt un souvenir qui restera pour toujours à l’abri dans sa mémoire. Adeptes des parties de pêche le dimanche matin sur le canal tout proche, le grand-père embarque Flore, le soir de son anniversaire, pour une première expérience en pleine nuit. Parés pour une expédition à la recherche de méduses immortelles, ils savourent l’instant partagé dans ce petit coin de paradis avant que l’aventure ne tourne au drame. Le vieil homme est victime d’une attaque cérébrale. Il sera sauvé « sauf que », il ne pourra « plus jamais » s’adonner à sa passion… L’obstination de la fillette saura-t-elle combler le handicap pour vivre de nouvelles aventures ensemble ?

L’histoire traite du lien intergénérationnel fort et complice qui unit deux êtres, au point de pouvoir communiquer au-delà des mots. Marie Colot signe un livre profond, inspiré d’une balade à vélo sur les chemins de halage jalonnés d’écluses et d’une vieille photo de famille représentant son père, garçonnet, entouré de ses grands-parents sur une barque.

Le texte est simple, fluide et adapté à un jeune lectorat entre 6 et 9 ans. Les signes précurseurs de l’accident sont introduits subrepticement, le malaise et ses séquelles sont présentés avec beaucoup de pudeur. Le choix du narrateur enfant apporte de la candeur à un sujet sombre, un peu comme un bonbon acidulé, et permet de transcrire la fantaisie et l’enthousiasme de l’enfance. Le vocabulaire s’attache à reprendre le nom vernaculaire des poissons : il y a Lotte, le surnom donné à la petite-fille, le grand-père « aussi pâlot qu’une sole » ou encore la grand-mère avec « son air de brochet fâché ». Les phrases sont aussi parsemées de références au monde halieutique. Les illustrations en noir et blanc et très détaillées accompagnent parfaitement le récit.

Un roman illustré, court et intense, plein d’espoir pour croire en ses rêves et leurs promesses d’éternité.