Les Tribulations de Kip Parvati

Dans un petit village de pêcheurs quelque part en Inde, Kip est responsable de sa famille depuis le départ de son père il y a trois ans. Le jeune homme veut gagner de l’argent : découvrir la Lune Rose, énorme perle, s’engager comme marin sur un bateau au long cours… Les solutions ne sont pas très nombreuses. Il pêche avec son oncle un énorme thon, qui lui permet de laisser à sa mère de quoi vivre le temps qu’il sera embarqué comme mousse sur La Solitaire. L’apprentissage de la vie en mer sera dur, tandis qu’au village, les gens qu’il aime sont victimes de la cupidité d’un commerçant ami du gouverneur. Kip, prévenu par un sage, revient vite, parvient à récolter la Lune Rose, et apporte paix et prospérité à ses proches.

Les Tribulations de Kip Parvati est un roman d’apprentissage dans la plus pure tradition du genre : un jeune héros voyage, découvre les réalités de la vie adulte, et revient chez lui plus mûr (et ici, riche). Seules différences, d’une part Kip est avant son départ responsable, volontaire et courageux, d’autre part il revient en sauveur miraculeux attendu de tous. Il évite ainsi les écueils de la naïveté. Il n’empêche qu’il acquerra d’autres expériences, une solidité, ainsi que la compréhension de l’essentiel : l’amour, l’amitié valent bien plus que de l’argent. Cette initiation passe par une complicité bourrue avec les autres marins, et - était-ce indispensable ? – quelques beuveries et bagarres. La construction du récit est habile, avec deux entrées : un récit classique pour les scènes au village et en parallèle, le journal de Kip sur La Solitaire. L’auteur évite ainsi longueurs et monotonie à un gros roman d’aventures qui ne se passe finalement que dans quelques lieux avec un nombre limité de rencontres. Le cadre intemporel de l’Inde pauvre, les figures du gouverneur tout-puissant, du sage qui prédit l’avenir, donnent à l’ensemble une tonalité proche du conte. L’optique un peu manichéenne (les bons gagnent, les méchants sont punis) est alors plus facilement justifiée. Miguel Larrea, dont c’est le premier roman, a réussi une œuvre passionnante, attachante et réfléchie.