L'été pop

1976. Michel joue de la caisse claire dans la fanfare du petit village où il passe ses vacances. Il rencontre Mario, qui vit chez les hippies, mal considérés par le reste de la population. Mario chante, un peu tout, de préférence ce qui tranche, ce qui dérange les goûts musicaux des bien-pensants de l’époque. Repérés à une fête, on propose aux deux jeunes gens (enfin, surtout à Mario, mais il ne veut rien faire sans son ami) d’intervenir dans une émission télévisée consacrée aux jeunes talents, présentée par Guy Lux en personne et parrainée par un petit chanteur québécois. Un peu contre son gré, Mario s’exécute. Il va chanter, à sa façon, libre et jeune, qui tranche et qui dérange encore… Guy Lux n’a plus qu’à avaler son micro devant le succès du jeune homme.

L’écriture personnelle et ravageuse de Vincent Cuvellier passe telle un bulldozer sur cette histoire jusqu’à la rendre très drôle, profonde aussi, et toute entière tournée vers un avenir riche de possibles. Racontées par Michel, personnage secondaire, fin observateur des turpitudes humaines, les aventures de Mario au pays des arrangements non pas musicaux mais commerciaux font grincer des dents et exploser de rire. Guy Lux joue un modèle de bateleur rôdé à toutes les astuces, tandis que le jeune Québécois, faux innocent et vrai roué, fait penser à la fois aux petits chanteurs à la croix de bois et à Céline Dion. Pendant ce temps-là, Led Zeppelin inventait « Stairway to heaven », et Nino Ferrer voulait être un noir… L’Eté pop, c’est l’éternel choc de deux époques, la querelle des anciens contre les modernes, le tout passé au tamis musical. Devinez qui gagne… Irrésistible et tellement vrai ! A partir de 10-11 ans seulement, pour prendre un peu de recul et mieux savourer l’acidité du propos…