L'éternité mais sans moi

Christine, petite fille qui se dit elle-même insoumise, discute tous les matins avec la vieille chatte blanche au bout de la rue. Tout en se chamaillant, elles abordent des sujets tels que la liberté, la solitude, la vie en société, la religion et surtout l’éternité. Finalement fâchée avec la chatte, Christine a pourtant appris à réfléchir sur sa vie.
La philosophie pour les enfants est devenue un sujet assez commun, et on ne s’étonnera donc pas de voir des chats disserter sur les modes de vie et les façons de penser des hommes. Mais la patte de Jutta Richter, un peu grave et faussement naïve, apporte d’abord de l’émotion à ce court récit. Chaque chapitre développe un épisode de la vie quotidienne de la petite fille : école, voisins… et c’est à partir de cette matière que la discussion (souvent la dispute) s’enclenche entre Christine et la chatte. Les illustrations brutes en noir, blanc et orange de Rotraut Suzanne Berner montrent cette dernière en malicieuse observatrice, dans des positions très proches des nôtres. Ses remarques définitives choquent d’abord la jeune narratrice, avant de la guider vers une ouverture d’esprit très pragmatique. Leur relation très particulière, faite autant d’attirance que de rejet, s’apparente à celle d’un maître à son élève (la chatte est âgée), le recul animal ou enfantin, selon le cas, en plus. Un livre de facture simple, curieux et très sensible. Il pourra être repris, expliqué avec un adulte accompagnateur.