Little Boy en trois temps

Little Boy en trois temps, de Camille Rebetez, comme une valse désaccordée, est le portrait d’un adolescent, Petit Louis, au travers de rencontres. Entre Mirador et Skippy, plus ou moins mauvais génies et Blanche-Neige, mal à l’aise mais lumineuse dans la franchise de ses propos, chaque scène est un élément d’un tableau d’ensemble où s’ajustent les pièces d’un puzzle. Plusieurs fils sont tirés et s’adaptent, s’encastrent : drogue, sexe, versus amour et sens de la vie. Les trois temps de la vie de P’tit Louis sont le largage, l’impact et la déflagration. Largage, P’tit Louis est largué, sa mère morte, sa vie à la dérive, sans apprentissage malgré les encouragements, sans relations avec les filles. Quelle issue pour Louis, lavette comme il dit ? Mirador va lui permettre de vivre des expériences, heureuses, sa rencontre avec Blanche-Neige ou malheureuses, la rencontre avec la drogue. Les trois temps de cette pièce jouent aussi sur l’équivoque, Little Boy, nom du héros P'tit Louis et nom de la bombe d’Hiroshima. Ainsi largage, impact, déflagration évoquent les effets qui se propagent longtemps après la chute d’une bombe. Cette pièce aux dimensions métaphysiques, à l’ironie tragique, a su toucher les adolescents puisqu'elle a gagné le prix des inédits du théâtre lycéen. Comédien, scénariste de BD mais aussi auteur, Camille Rebetez est expert. Son écriture dramatique, vocabulaire, style et tabous levés, ont ému les adolescents à qui cette pièce s’adresse. Petit Louis est comme chacun d’eux, il leur ressemble comme un frère. On peut avoir envie de le consoler, se reconnaître en lui ou au contraire refuser l’image qu’il renvoie. La dernière scène « yoyo » illustre bien le mouvement de va et vient qui est celui de sa vie : il va poursuivre son chemin jusqu’à quelle embûche ou jusqu’à quelle étoile ?