l'oeil de Seth

Nous sommes en Egypte ancienne, sous le règne du pharaon Ramsès III, en 1165 avant J.C.
Sény, 14 ans, vit dans le petit village de Naytahout situé dans le delta du Nil. Sa mère Ménat est morte six ans auparavant et il vit avec son père Paser, qui est médecin et qui l’initie à l’art de soigner et de guérir, ce qui ne passionne guère le garçon. Lorsque Imenher, chambellan au palais royal de Pi-Ramsès, fait irruption au village, la vie de Sény prend une autre tournure. L’homme lui révèle que Paser n’est pas son père et l’emmène avec lui sans autre précision. Sény part vivre à la maison de campagne de Imenher, fait la connaissance de la jolie nièce de celui-ci, Néféret, de son épouse Rosou, passionnée par le tissage, et de Ta, l’intendant du domaine d’Imenher, qui apprend au jeune homme la vie et les coutumes de la cour, les personnages importants qui gravitent autour de Pharaon et de son harem où vivent l’épouse royale, les autres concubines et les enfants. Mais Sény ignore toujours qui sont ses vrais parents. Le mystère qui l’entoure et que personne, semble-t-il, ne veut lever, n’empêche pas Sény de prendre goût à sa nouvelle vie, plus passionnante, plus luxueuse que l’ancienne. Mais une série de meurtres va placer le jeune homme en fâcheuse posture. Avec l’aide de Néféret, il va enquêter, apprendre à naviguer en eau trouble, dans les cercles dangereux du pouvoir, déjouer les pièges qu’on lui tend et déterrer des secrets enfouis au cœur du harem royal.
Ce très bon roman, passionnant de bout en bout, nous donne de l’Egypte pharaonique une image vivante et colorée. Il nous aide à approcher de près la vie quotidienne des habitants, qu’ils soient humbles ou puissants, grâce à une foule de détails concernant les habitudes de vie, la nourriture, les vêtements, les relations sociales et les croyances religieuses. Sa réussite réside en un savant dosage entre les informations historiques, distillées au fil du texte sans didactisme pesant, et le suspense policier, le mystère qui plane autour du jeune héros. Et puis le pouvoir, qu’il s’exerce au 12ème siècle avant J.C. sur les rives du Nil ou bien au 21ème siècle, entraîne toujours les mêmes travers qui vont avec l’avidité, le goût du secret, la soif de réussite personnelle.
Quelques pages en annexe donnent des précisions historiques et des éléments de bibliographie.
Béatrice Egénar maîtrise parfaitement son sujet. Elle est aussi l’auteure d’une autre série consacrée à l’Egypte ancienne, Hori, scribe et détective, publiée chez Fleurus.

Décidément, cette collection de polars historiques, créée en 2008 chez l’éditeur nantais et dirigée par Thierry Lefèvre, est excellente, donc à suivre de près. On peut en recommander tous les titres, sans exception. De plus, les livres sont de beaux objets, à la typographie agréable et aérée, dont les couvertures, toujours réussies, sont immédiatement reconnaissables. Elles sont réalisées par Aurélien Police, illustrateur polymorphe, qui travaille essentiellement en numérique, mêlant photographie, scans de peintures ou de dessins.