Lumières d’Amérique (Sous le vent de la liberté, tome 1)

1780, Bretagne. Jean de Kervadec est spolié de l’héritage de son père par son oncle, qui vend la propriété familiale à un commerçant. Le jeune homme part alors en Amérique à la recherche de son frère aîné, seul à même de récupérer leurs biens par voie de justice. Embarqué comme matelot, Jean découvre la dure vie sur les bateaux, puis pénètre dans un continent en guerre, et passe quelques années en compagnie des Indiens. Il revient finalement en France, bredouille mais heureux de retrouver la belle Maria, fille du commerçant qui possède le domaine Kervadec.
Avant tout, Sous le vent de la liberté est une trilogie d’aventures et d’action – l’époque s’y prête -, aux dépens peut-être des personnages qui, bien qu’intéressants et dessinés avec finesse, restent un peu lointains. Chaque épisode correspond à un lieu et un environnement différent ; ils se suivent de manière fluide, racontés par un narrateur externe. Un rebondissement signifie une rencontre, et une figure protectrice initie Jean au milieu étranger qu’il découvre : en cela, on peut aussi parler de roman d’apprentissage. Et pourtant, il est difficile de compatir à la situation de ce jeune homme fougueux, curieux, doué : on devine qu’il va s’en sortir d’une manière ou d’une autre ! La principale caractéristique de ce héros nourri des écrits de Voltaire est d’être fidèle à son libre-arbitre, dans la droite ligne de l’esprit originel de la révolution. L’aspect documentaire du roman est très solide, que ce soit à propos des événements historiques ou du monde de la marine, de celui des Indiens. Un glossaire et des notices biographiques interviennent d’ailleurs à la fin de l’ouvrage. L’écriture simple et vivante de Christian Léourier est littéralement portée par l’amour et la défense de la liberté, avec un thème direct comme ici ou dans d’autres romans, entre autres fantastiques. Mais ce premier tome évoque les prémices de la Révolution Française par le biais des jeunes Etats-Unis, qui, déjà ou encore, son en guerre avec les Indiens… Faut-il y voir un avertissement ?