Luz

Lisa, dite Luz, s’apprête à passer un été ensoleillé, mais morne. Il n’y a pas beaucoup d’activités par chez elle, excepté se baigner dans la rivière Volte ou regarder le père boire tout l’après-midi avec son copain Vanier. Toute fière de son nouveau maillot de bain, Luz positive, oublie les regards et les gestes équivoques de Vanier, et part sur les bords de la Volte. Elle rencontre le beau Thomas et Manon, une fille de sa classe ; tous les trois décident se rendre à une petite crique difficile d’accès. Ils tombent alors sur des campeurs amis de Thomas.
C’est un drame estival sans cris ni pleurs, ou presque, mais féroce. L’intrigue se joue dans des attitudes que l’on pourrait qualifier de détente, devenant dangereuses au sein d’une nature sauvage. Boire de l’alcool, sauter dans les rochers, fumer, flirter de manière poussée… tout cela serait anodin sans le regard dur porté par Luz sur les excès des uns et des autres. Avec elle, et prévenu de toute façon dès le départ par la collection Rat noir, le lecteur comprend que quelque chose va se passer, tourne les pages, attentif, fébrile, jusqu’à « l’événement » - tardif. Ce dernier peut paraître d’ailleurs décevant, si l’on ne sait pas qu’il est le prélude à une cascade d’actions et de retournements, qui finiront même par modifier le quotidien familial de Luz. La psychologie de la jeune héroïne, suivie de près par un narrateur externe qui déroule inexorablement l’après-midi, est un fouillis abstrait de sentiments de révolte et de résignation, de sagesse aussi. Bref, la tragédie n’est jamais là où on l’attend dans ce roman lent, surprenant, pas complètement noir mais franchement gris.