Miettes moineau ribouldingue

Ribouldingue ? « Faire la noce, la java », bien rigoler quoi. À l’âge du « Cherche et trouve » un peu monotone à la longue, voilà une initiative bien plus alléchante : lire, jouer, s’amuser en poésie grâce cet album pas comme les autres, à savourer et partager.

À la base une question, « À quoi ça sert… ? », sans majuscule, à hauteur d’enfant : « à quoi ça sert une cafetière ? à quoi ça sert des bottines ? à quoi ça sert un tigre ? Un ours ? Un éléphant ? »

Et les réponses d’Anne Herbauts sont ciselées comme des haïkus, formulettes pleines de sagesse et d’humour facétieux. Ainsi l’album se déroule comme une longue découverte du monde par toutes ses facettes, vivantes ou en apparence inanimées.

« à quoi ça sert un caillou ? à comprendre les montagnes et à les prendre au creux de la main »

L’illustration combine formes découpées, grands aplats de couleurs mates plus ou moins foncées, plus ou moins contrastées, dans une palette réduite qui confère une certaine sobriété et renforce l’atmosphère d’enfance. Certaines pages font toute la place à l’espace, l’idée de l’infini (la pluie, l’écorce d’un arbre, un avion dans le ciel) ou celle de grandeur (le géant versus l’insecte)…

« à quoi ça sert un insecte ? à imaginer combien le monde minuscule est important »

À l’origine de ce grand album, une exposition qui est ici ramenée au format d’un ouvrage manipulable par de petites mains : voici le jeu de l’oie Miettes moineau ribouldingue, où chaque case invite à découvrir une vignette du livre et la maxime qui la définit, et par le jeu de renvois ou de bonds en avant des coups de dés, tisse un long poème toujours différent. « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard^[1] » : c’est là toute la fantaisie de ce nouvel album d’Anne Herbauts, inépuisable initiation à la poésie du monde et des mots, pour le plus grand plaisir des lecteurs joueurs poètes, ses amis.

^[1] Poème de Stéphane Mallarmé, 1897.