Millie Plume choisit son destin

Millie Plume a retrouvé son père, pêcheur aux manières douces mais rustres qui chagrinent la jeune fille. Et puis, sa famille, une femme et deux enfants, ne supportent pas la présence de cette Londonienne. Lorsqu’elle apprend que son « père adoptif » (celui qui l’a recueillie bébé avant l’orphelinat) est décédé, elle décide de rejoindre Jem, son frère de lait qu’elle avait promis d’épouser enfant. Millie la battante va-t-elle se glisser dans la peau d’une fermière ?

Le titre français est plus explicite que l’anglais (Emerald Star) : à quatorze ans, dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle, Millie doit décider de sa vie de jeune adulte. Elle n’a plus guère le temps d’écrire entre un ragoût et une lessive, et ses talents de brodeuse ne sont pas appréciés à leur juste valeur. Le monde rural qu’elle ne cesse d’idéaliser, se dérobe à elle et c’est par élimination qu’elle trouve sa voie. Ainsi, le roman est encore une suite de désillusions qui jamais ne décourage notre narratrice, mais elle a de plus en plus de mal à rebondir. Et la fin, même apaisante, n’est pas si joyeuse avec toujours la pauvreté et l’autorité arbitraire qui menacent.
Mais c’est peut-être le chemin qui compte et toute frêle qu’elle soit, Millie-Saphir-Emeraude a fini d’hésiter, s’étant nourrie de belles rencontres successives (voir Janet prête à se sacrifier). Intelligente, indépendante, féministe, un tantinet capricieuse (têtue ?) elle n’a pas voulu la facilité et la conformité : une jolie leçon de vie pour le lecteur encore captivé par l’écriture chaleureuse de Jacqueline Wilson. Si un quatrième tome est possible, l’auteure a pris soin de clore presque toutes les aventures de son héroïne. On la quitte à regret, mais heureuse pour elle et la tête pleine de ses souvenirs.