Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens

Simon est amoureux sans connaître la personne qui l'a séduit : ils échangent des méls. Tout ce que sait le jeune homme, c'est que Blue est dans son lycée, a de l'humour, des sentiments, et… que c’est un garçon. Les deux adolescents n'ont pas de problème avec leur homosexualité, sont prêts à faire leur coming-out. Mais Martin, qui a ouvert sans le vouloir la boîte de messagerie de Simon, vient perturber la donne. Il fait du chantage auprès de son camarade de classe, le menaçant de tout révéler au lycée. Ce qu'il va faire d'ailleurs, précipitant les événements pour un Simon désormais bien décidé à découvrir l'identité de Blue, lequel n'ose à son tour pas rencontrer celui qu'il a fantasmé.

Les quelques chapitres sous formes d'échanges de messages électroniques ne jouent pas l'effet de style, tous bien construits, bien écrits. Le reste de la narration, assumée par un Simon aux sentiments développés, affinés, vaut la lecture. D'autant qu'ici, le thème de l'homosexualité est traité avec une sérénité atypique. Les héros sont très à l'aise, et les réactions intolérantes à l'école sont évacuées avec un flegme olympien. L'intrigue tient alors davantage d'une part au suspense engendré par l'anonymat (qui est Blue?), d'autre part au chantage de Martin et à ses effets sur les amitiés de Simon. Rajoutons un club théâtre très investi, une famille aussi aimante qu'omniprésente, et on obtient un livre non pas révolutionnaire, mais relativement inattendu et décomplexant. Reste (à mon avis) l'affreux titre – aussi bien français qu'anglo-saxon -...