Mon œil

Valentin est à l’hôpital. Au départ, Tristan, son meilleur ami, va souvent le voir. Il s’efforce de devenir double, d’incarner Valentin dans le monde extérieur, de lui prêter ses yeux. Mais le monde est trop vaste, trop complexe pour rentrer dans une chambre d’hôpital, et de toutes façons Valentin a-t-il vraiment besoin de savoir ce qui s’y passe ? Tristan est fatigué de vivre pour deux, il ne sait plus quelle attitude adopter. Les visites s’écourtent, les mots ne sortent plus. Finalement, un professeur propose à la classe de réaliser des objets pour Valentin. Tristan trouve le moyen de communiquer à son ami toute leur amitié, tout ce qui les lie, à travers des photographies de lieux.
Ce roman adopte le point de vue d’un enfant pour évoquer le thème de la maladie et de la mort. L’enfance, peuplée de trajets vers l’école, de bêtises, est rattrapée par des événements et des sentiments graves et douloureux. La difficulté pour ces enfants de passer de l’un à l’autre est très bien vue.
L’écriture est belle, à la fois enfantine et poétique, et on y perçoit le fragile équilibre entre innocence et tragique qui court dans tout le roman.
Cependant, les photographies sont très sombres et mystérieuses, ce qu’elles représentent n’est révélé qu’à la fin du roman. Leur aspect esthétisant risque peut-être de rebuter certains lecteurs. Le thème abordé par le récit est très fort et proche de nous, tandis que les photographies sont difficiles d’accès.
Un beau roman au texte et aux thèmes forts, certes un peu desservi par les photographies, mais duquel on ne sort pas indemne.