Mon père, mon théâtre de papier

C'est sous un jour nouveau que Pef se met à table. Par une écriture pleine de drôlerie, de pétillement, l'auteur illustrateur nous conte ses souvenirs d'enfance à l'ombre d'un géant, son père (il mesurait 2 mètres !).

Très tôt le jeune Pef a arpenté les tréteaux du théâtre grâce à la passion dévorante de son père, enseignant, qui, l'été, s'improvisait metteur en scène. Pef raconte le long processus qui l'a amené à prendre la plume (et le pinceau) et à devenir un auteur pour les enfants, afin de créer son propre théâtre de papier.

Au fil du récit, Pef dresse un portrait sans complaisance sur ses années d'enfance et d'adolescence. Avec tendresse et raillerie, Pef raconte comment son père est passé à côté de lui sans le voir, à cause de son amour immodéré pour le théâtre. À la fin de ses notes, l'auteur imagine une rencontre imaginaire avec son père. Là encore, il existe un décalage. Pef tente de rassembler ses souvenirs de théâtre, tandis que le personnage du père s'attache à des petits riens sans grande importance. La figure du père est au fil de pages de plus en plus touchante ; il n'est plus ce personnage tyrannique, mais un homme qui a essayé de recréer un monde à travers la scène. Au-delà de la mort, la complicité entre le père et le fils devient évidente.

Pef termine son récit par une pièce de théâtre, où il démonte toutes les situations qu'il a vécues en tant qu'auteur pour la jeunesse. Avec drôlerie, et un sens critique à peine caché, il montre avec justesse toutes les difficultés de ce métier, n'étant pas surhomme, n'écrivant pas sur commande.

À travers son histoire personnel, Pef montre ainsi que sa vocation n'est pas due au hasard, et s'inscrit dans une lignée, voyageant encore aujourd'hui à la rencontre des enfants du monde entier. Un récit émouvant et une histoire étonnante.

E.A.