Nola

Enceinte après une première relation à laquelle elle n'avait pas songé, lâchée par le père de l'enfant, Nola a décidé de se faire avorter. Mais, au moment même de sa consultation, deux activistes anti-IVG entrent dans le cabinet du docteur et les kidnappent tous les deux. Lui sera assassiné. Elle sera gardée prisonnière quelques jours, le temps de réussir à se connecter avec l'extérieur et d'attirer l'attention de la police.

Le récit alterne entre celui de Nola qui dit « je », et celui d'un des ravisseurs, Ed, rendu au discours indirect libre comme si l'homme était coupé de ses émotions, ou plutôt ne les maîtrisait pas. Chacun, peu à peu, raconte son passé, et nous comprenons comment les choses ont pu en arriver à cette extrémité. Nola, jeune fille aimée, a vécu un accident de parcours et n'attend que de reprendre le cours de ses années d'adolescence. Ed a aimé Juliette avant de tomber sous la coupe du père de son amie, un ancien militaire aux lourds traumatismes, devenu lui-même fanatique suite à la grossesse de sa fille.
Le récit des conditions de détention de la jeune fille est factuel, sordide, tout en phrases courtes au présent. Au-delà de la violence des faits qui surprend, le lecteur est forcé à réfléchir sur cette question essentielle du choix de donner la vie – ou pas. A la fin du roman, suite à son aventure odieuse, Nola est beaucoup moins sûre de ce qu'elle avait décidé. Mais elle reste convaincue que c'est son droit le plus strict de trouver en elle la réponse. Etrange de par sa construction échevelée, le roman se rattrape donc par la force des débats qu'il suscite.