Nom de code : Black Bird (T. 1). Cours ou meurs

« Un chien aboie. Quelque part, deux fillettes rient aux éclats sur une balançoire grinçante. Des voitures passent. Immobile, tu écoutes chaque bruit comme s’il constituait un indice.

« Réfléchis, te dis-tu. Rappelle-toi. »

Mais rien ne te revient. Pas un mot, pas une pensée. Aucun souvenir.

Lorsque le ciel rose s’obscurcit, tu t’extirpes de ta cachette et tu disposes le contenu de ton sac sur la pelouse, tu alignes les objets en hâte. Il y a quelques colliers de serrage en plastique, un plan de ville où l’on a dessiné une étoile au stylo noir. Des sachets fraîcheur, le tee-shirt, le carnet et le canif, une couverture et une bombe lacrymogène de couleur rouge.

[…] Tu ouvres le carnet sur une page vierge, tu lisses le papier et notes :
Choses dont je suis certaine :
- Je suis à Los Angeles
- Je me suis réveillée sur les voies à la station Vermont-Sunset
- Je suis une fille
- J’ai de longs cheveux noirs
- J’ai un oiseau tatoué sur le poignet droit
- Je suis en fuite. »

Chose dont le lecteur est certain, lui, c’est que les premières pages de ce roman sont la promesse d’une intrigue à rebondissements et la garantie d’une lecture sans temps mort ! La narration – osée – au présent et à la deuxième personne du singulier, l’enchaînement implacable des péripéties entrainent le lecteur dans la course effrénée d’une jeune protagoniste en quête de son identité. En effet, l’adolescente recherche désespérément des souvenirs qui pourraient pallier son amnésie et lui permettre de comprendre ce qu’elle faisait étendue, il y a quelques heures, sur ces rames de métro, affublée d’un t-shirt imprégné de sang et de chaussures neuves aux lacets d’un blanc éclatant.

Qui a, en outre, rempli son sac à dos d’un canif et d’un carnet noir, sur lequel la jeune fille consigne scrupuleusement les informations la concernant pour ne pas les oublier de nouveau ? Qui est cet homme qui la surveille à distance ?

Autant de questions qui aiguiseront la curiosité d’un lecteur et façonneront, page après page, aventure après aventure, à partir non seulement des réminiscences de la jeune femme, mais également des déductions qu’elle établit au gré des relations tissées de plein gré ou malgré elle avec les autres protagonistes, le portait de ce personnage hors-norme !

Suspense et frissons sont donc au rendez-vous de ce thriller haletant à la construction dramatique savamment construite et au mode d’énonciation original. Le recours à la deuxième personne du singulier crée d’emblée à la fois distance ou promiscuité d’avec le personnage principal selon la situation décrite et vécue. L’intrigue est de fait si prenante et la charge émotionnelle délivrée telle, que l’on attend la suite de ce roman avec grande impatience !