Nous les menteurs

Cadence, dix-sept ans, est une Sinclair : adolescente, blonde, riche et belle, elle est promise à un brillant avenir comme ses cousins de son âge, Mirren, Johnny, et la « pièce rapportée » Gat, jeune Indien ami de la famille. La groupe de quatre est surnommé « les menteurs » depuis l'enfance. Lors de ce nouvel été passé sur l'île privée du grand-père, le nom résonne étrangement : Cadence, victime il y a deux ans d'un accident, retrouvée sur la plage, tente de rassembler ses souvenirs perdus alors que tout le monde lui ment... par omission. La mémoire revient peu à peu à la jeune fille, et la tragédie se dessine.

« Je » anxieux de Cadence, écriture courte voire sèche, présent d'une certaine urgence : E. Lockhart met le lecteur dans des conditions d'attente intense dès les premières pages. Que s'est-il passé dans ce petit univers parfait ? Si quelques maisons anciennes, repas délicieux et tenues séduisantes seront décrits, le luxe ne cesse de se craqueler au fil des pages : la famille se déchire pour des histoires d'argent, le grand-père perd la tête mais pas son héritage, Cadence aime Gat qui la fuit bizarrement, Mirren est malade, etc. Le huis-clos de l'île se referme, les indices s'accumulent, sans que jamais nous ne soupçonnions la vérité, teintée de fantastique mais surtout de psychanalyse. Si on savait que l'argent ne fait pas le bonheur, il est devenu clair avec Nous, les menteurs, que l'été à Cap Cod ne fait pas non plus forcément le roman ado typé. Original et magistral.