Nulle et grande gueule

Hormis le titre assez racoleur, ce roman est réussi. Angela est une fille qui n’a pas encore fait la paix avec son 1,80 mètre et qui se surnomme elle-même la Nulle alors qu’elle est admirée pour son indépendance d’esprit et sa maturité ainsi que pour ses shoots au basket. Matt est un lycéen à qui tout sourit, il est entouré d’amis, plaît aux filles et à ses professeurs, déborde d’humour jusqu’au jour où ses plaisanteries sont mal interprétées. L’établissement cède à la psychose, la police intervient : Matt passe pour un poseur de bombes, non seulement dans son lycée mais dans toute la ville. Seule Angela garde son flegme habituel et lui tend la main. En présentant deux adolescents de manière nuancée, en jouant sur les confidences qu’ils peuvent faire à leur journal ou entre eux, en alternant les situations (en famille, seul, avec leurs amis, avec leurs ennemis…), Joyce Carol Oates trace un reflet fidèle de deux adolescents. Elle souligne aussi combien leurs apparences, leurs envies peuvent changer dans cette période de grande sensibilité. La fin est un peu convenue mais le roman mérite largement le détour, notamment en ce qui concerne la peinture du harcèlement moral ou la difficulté de la différence.