Cet album au titre ambitieux d’Isabel Minhos Martins et Madalena Matioso est une variation sur la disparition. Cette ligne forte se décline dans une certaine dispersion qui noie un peu le sujet comme une revue de choses pour euphémiser l’interrogation. On passe de l’anecdotique cache-cache, « on cherche seulement à être découvert », au fondamental : la mort de l’autre. La perte de l ‘être cher laisse face à des questions insolubles, juxtaposée à la disparition des chaussettes. Ensuite, l’auteure se tourne vers la nature, les flaques d’eau s’évaporent jusqu’aux nuages et au soleil comme un enchaînement dans certains contes. Pierre, sable « rien ne dure éternellement », ces apparitions et disparitions dans la nature est comme un inventaire des possibles. De l’eau aux nuages et des nuages à l’eau, s’inscrit le temps cyclique. On passe ensuite au bruit, puis retour au gens dont les pieds dansent : belle expression d’amour, belle illustration tendre. Dans la récapitulation finale, on s’aperçoit que chaque situation était orientée vers une alternative au rien . Il ressort de cet album aux illustrations colorées et vives, dynamiques, un sentiment de fourre-tout dommageable à la force de la question. Les situations intéressantes en elles-mêmes, mériteraient chacune un développement. Libre à chacun de s’amuser de la disparition des chaussettes ou de méditer sur la course des nuages.

Danielle Bertrand

Présentation par l'éditeur

Cette question posée par le titre, par sa dimension philosophique, peut paraître à première vue peu à sa place dans un livre pour enfants. Pourtant, aborder cette problématique de l’éloignement, de l’absence, de la mort, constitue un défi passionnant lorsqu’on s’adresse à de tout jeunes lecteurs, car ils y sont particulièrement sensibles. Encore faut-il trouver la bonne manière de les toucher. Les auteures de ce livre, tant par le texte que par l’image, y parviennent en partant de phénomènes de "disparition" observables dans la réalité et qui expriment de manière concrète ce qu’une réflexion philosophique pose en termes abstraits.

Plusieurs éléments du monde environnant, comme les nuages, le soleil, les flaques d’eau, la neige, le sable – et même les chaussettes… – sont ainsi examinés sous l’angle de leur mouvement, leur devenir, leur transformation: leur disparition, provisoire ou définitive. Et il en ressort un grand nombre de réponses possibles, qui peuvent toutes apporter un apaisement à ce sentiment d’inquiétude – voire d’angoisse – pouvant naître chez tout individu, même le plus jeune, même le plus âgé, lorsque quelqu’un ou quelque chose sort de son champ de vision, s’éloigne, disparaît peut-être pour toujours. Car l’observation du monde permet de se familiariser avec une de ses caractéristiques universelles: l’incessant processus de métamorphose qui marque tout ce qui existe.

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