A Paris

Grand format, dans le noir et blanc permis par la gravure, A Paris de Ramona Badescu et Joëlle Jolivet s’impose au premier coup d’œil. Devant la Seine, où se reconnaissent, sur la rive gauche, les Invalides et la Tour Eiffel, se promène une foule variée d’hommes et de femmes. Un bouquiniste attend le client en lisant, la balade peut commencer. Elle ne se déroule pas de façon très ordonnée selon les arrondissements. Elle s’organise selon quelques passages obligés, la Tour Eiffel, Notre-Dame de Paris mais s’autorise aussi quelques lieux plus rares, le canal Saint-Martin ou les Buttes-Chaumont. Tout l’album est une ode à Paris.

L’auteure joue sur les accumulations de monuments, rapidement décrits, de gens qui les occupent, visitent, découvrent. L’esplanade de Beaubourg, comme le parvis de la cathédrale, sont noirs de monde mais il y a de l’espace et du temps pour les vieilles dames avec leur petit chien ou les musiciens ambulants. Aux lignes droites des architectures qui dominent, les foules compactes opposent des activités joyeuses : photographier, regarder, écouter. Et même si le long du canal Saint-Martin, quelques tentes rappellent la lutte des sans-abris, cela ne réussit pas à effacer l’ambiance bon enfant qui règne sur les berges ou au Jardin des Plantes. Ce Paris rêvé, de cinéma (« Paris est une fête » disait Hemingway) offre quelques surprises. En se dépliant, la Tour Eiffel jaillit de la page. La magnifique perspective du Louvre jusqu’à la Défense se déploie selon un axe est-ouest qu’affectionnent les parisiens et la couverture dissimule un astucieux plan de Paris où sont piqués les lieux cités. Des points de vue variés, vues plongeantes depuis les toits, scènes aperçues rapidement vers la mosquée, le métro, un bistrot, composent une image flatteuse de Paris où se conjuguent toutes les énergies. Les auteures assument leur choix d’un Paris pétillant, léger, et même si ce n’est pas toujours vrai, on a très envie de les croire.