Roland Léléfan se présente

Le titre annonce le spectacle. Le personnage sur fond rouge (qui fait fortement penser au rideau rouge d’un théâtre) les bras largement ouverts, attend les applaudissements. Lorsque le livre se referme, on les lui accorde vigoureusement car Roland Léléfan est un sacré numéro.

Le narrateur/la narratrice interpelle le lecteur. Il est à la fois commentateur des actions de Roland et créateur de sa geste car le narrateur/la narratrice est le héraut de cet éléphanteau !

Le dessin virevolte tout comme le récit qui, avec sa logique entre réel et fantaisie, devance la surprise du lecteur qui pourrait s’étonner de faire entrer un éléphant dans une maison mais trouve normal qu’il sache lire ou arroser les plantes. La vivacité du récit s’accompagne d’une multitude de dessins fougueux de Roland.  De face, de dos avec ses grosses fesses qui emplissent toute la maison, sur deux pattes, appuyé sur la trompe, les oreilles enroulés : c’est éblouissant et irrésistible.

Roland a des comportements proches de ceux d’un enfant qui serait, peut-être, son maître.  Il a peur de l’orage ; le repas qu’il préfère c’est le goûter ; il ouvre la porte du frigo tout seul ! Et on comprend que la séparation pour l’école est difficile pour l’un comme pour l’autre puisqu’au retour les histoires reprennent entre les deux compères.

Animé de bons sentiments et de fantaisie, Roland Léléfan est un double idéal, celui que l’on s’invente et qui s’autorise ce qui est interdit (la mousse du bain, les audaces d’équilibriste, les « symphonies de trompettistes »). On a aimé la simplicité du trait noir, juste enrichi de quelques touches de couleur éparses, et le rythme effréné des activités. Voici un album qui parle formidablement de l’enfance !