Saga parisienne, 1942-1958 Un blacon sur le Luxembourg

6 janvier 1942, Pierre Ormen, jeune professeur brillant, écrivain en devenir , rêve d’être publié chez Gallimard, la prestigieuse maison d'édition. Il habite avec Ariane, sa femme charmante, décoratrice de théâtre et leurs 3 enfants, rue de Vaugirard un beau quartier. Ils ont pour amis proches, Esther et Isaac Bronstein, riche notaire juif, esthète. La vie est dure dans Paris occupé mais ses conditions de vie, sa volonté de réussir, sa conviction d’une victoire finale prémunissent Pierre contre tout désespoir. 7 juillet 1942, sa jeune sœur Amélie met au monde un enfant à l’issue d’un déni de grossesse total. 15 juillet 1942, Pierre apprend que ce bébé est né du viol d’Amélie par Amédée, leur frère. Mauvais garçon bien que séduisant, autant par opportunisme que par antisémitisme, les choix d’Amédée l’ont conduit à collaborer. Horrifié, écoeuré, traumatisé, Pierre, dans un premier temps, refuse la réalité et déserte le domicile conjugal; le 16 juillet en rentrant chez lui : les Bronstein ont été raflés avec leurs enfants ; une lettre attendait Pierre qui aurait peut-être pu les sauver. Ces prémisses constituent le cadre du premier tome de cette saga : petit à petit cette « belle famille » comme le dit Madame Farge, leur gouvernante, chapeautée par Valentin Ormen, père industriel, se défait sous le double effet d’Amédée et de la guerre. Les succès personnels de Pierre, la vie parisienne chatoyante de l’après-guerre, le bouillonnement artistique où se croisent Vilar, Mouloudji et autres , ne laveront pas cette tache originelle qui ancre le roman dans le drame. La mort du père, et les intrigues de sa seconde femme ; la réussite des enfants ; l’adoption par Pierre et Ariane de la petite Delphine, fille d’Amélie s’entremêlent dans un roman classique et efficace où les personnages sont la proie de leur destin en dépit de leurs efforts pour agir de façon adulte et responsable. Déterminisme et liberté, rivalités entre frères, intérêts divergents entre des élites, tels sont les ressorts de ce roman prenant en dépit d'un certain conformisme. On attend la suite…