Star trip

1968. Perdue au beau milieu de l’Amérique profonde, May, seize ans, bouillonne d’intelligence et d’énergie. Lorsque ses parents scientifiques disparaissent du jour au lendemain, elle doit s’occuper de son jeune frère Sam. Aidée de Will, petit ami énamouré, elle décide de construire à l’enfant un vaisseau spatial digne de sa série télévisée préférée, Star Trip. Et par un concours de circonstances absurde, l’acteur principal de la série, le capitaine Burke (dans la vraie vie Benjamin Spike) va s’incruster dans la ferme et dans l’existence de Sam et May ! Sous le regard dubitatif de Will, la jeune fille découvre un homme doté de pleins de défauts et quelques belles qualités.

Fan de Star Trek (dont il soutient la supériorité sur Star Wars), Eric Senabre donne libre cours à son imaginaire pétri d’une belle culture pop-rock. S’ensuit un road trip à travers une Amérique aux personnages pleins de fantaisie, du pseudo-chaman claustrophobe au shérif noir irlandais, en passant par le révérend voulant comprendre la jeunesse des années 1960 et le propriétaire de motel un tantinet pervers. La séquence hallucinante au sein de la communauté hippie est prétexte à un clin d’œil à David Bowie, et la fin brutale m’a de loin fait penser à Easy Rider… Ces références ne vont pas contre l’approfondissement de la psychologie de l’héroïne, féministe avant l’heure. May est forte, fière, farouche et mène le voyage avec beaucoup de détermination, entraînant alors son monde d’hommes derrière elle... Un drôle de roman cultivé et farfelu.

« May frotta son œil tout en passant sa petite troupe en revue : un chaman probablement mythomane, un acteur aux abois, et un petit ami en plein doute. Les effectifs n’avaient hélas pas changé, c’était toujours sur la même équipe qu’il fallait compter. » (p. 187-188)