Tine ou les idées noires au placard

Aujourd'hui, Tine a décidé de se débarrasser de ses monstres. Un par un, elle les débusque et les fait disparaître gentiment (en les dessinant) ou plus violemment (en les noyant). Chagrinelle, Drankysturm, Picote... n'ont plus droit de cité dans l'univers de la fillette – elle-même un ravissant petit être mi-humain mi-animal. Les démons crient pitié : ils vont aller hanter quelqu'un d'autre. Mais avant, ils font une dernière grosse fête à laquelle Tine est élégamment conviée.

Histoire farfelue, histoire absurde ? Mille fois non, car Tine a mené un long combat avec elle-même, pour finalement comprendre qu'il valait mieux apprivoiser ce qui nous dérange. Et si cela, ce n'est pas grandir... Cécile Gambini invente, virevolte, brode avec passion un univers aussi enchanté que ragoutant. Ah, ce petit monstre qui a mangé trop de myrtilles au point qu'elles fermentent dans son estomac !
Les dessins s'éparpillent en couleurs chaudes, et le gros chat veille dans un coin du dessin... Ecrit comme à la main, le texte brille de tous ses feux musicaux et fantaisistes : « Tine passe une dernière nuit hantée et joyeuse. Les Terreurs lui font des coiffures, la Folie lui chatouille les pieds, la Dinguette en profite pour lui compter les cheveux, une Sentimentale lui enduit l'oreille de zeste d'orange amère... C'est une nuit compliquée, mais agréable. ». Du chaos naît la vérité profonde, celle de l'homme habité par ses démons et qui perd son temps à les compter. Indispensable !

A lire aussi : Mes petits démons de Claudine Desmarteau (Albin Michel jeunesse, 2010).