Un océan d'amour

C’est l’histoire de Pingouin et Ours. Pingouin est amoureux d’Ours. Comment le sait-il ? « C’est comme une drôle de tempête dans le ventre… ça fait des chatouilles dans les orteils ». Malheureusement, Ours est renfermé sur lui-même comme dans son phare et l’abordage de Pingouin et son air contrit n’y font rien : « Regarde donc, on est complètement différents » dit Ours.

Comment réduire la distance qui sépare les protagonistes ? La construction narrative est lente, Pingouin approche l’île d’Ours le cœur lourd, il grimpe la colline, affronte l’épreuve de la porte et essuie le rire de son ami lors de sa déclaration d’amour. Cette lenteur, cette moquerie, tout concourt à nous émouvoir face au bon sens balourd d’Ours.

Les images nettes, franches, très colorées les montrent côte à côte, face à face, dans toutes activités permises par la situation, comme la plage, la longue-vue, le repas, ou encore la musique ensemble. Les illustrations multiplient les actions, explicitent les sentiments : les deux protagonistes vivent ensemble, mais la déclaration attendue par Pingouin ne vient pas, il s’en va…

Le récit détaille les émotions, et la solitude d’Ours pèse aussi bien dans les mots « Ours avait l’habitude d’être seul, mais maintenant il se sentait très seul » que dans les images : il faut le voir appuyé sur son balai, incapable de se distraire de son sentiment de vide.

Évidemment, le dénouement heureux précipite le rythme. Tant de lumières dans les couleurs, tant de tendresse dans les paroles et les sentiments touchent le lecteur ébloui. Derrière les deux personnages, les ondes du bateau qui les emporte ne se referment pas...