Elisabeth Brami n’est pas une nostalgique, ou tout du moins pas que : son inventaire des us et coutumes de l’école d’autrefois se veut aussi critique. Alors oui, des éléments surannés amusent, font sourire : les bons points et les images, la classe unique en milieu rural, la bûche apportée pour chauffer le poêle… Le respect dû à l’instituteur, la photo de classe commandée des mois à l’avance, les habits du dimanche, le facteur qui passe trois fois par jour sont aussi des faits dont on prend acte sans en avoir forcément une opinion négative. Mais le père patriarche, la femme au foyer, certaines études interdites aux filles, les bébés considérés comme des objets choqueront aujourd’hui le jeune lecteur. Enfin, espérons-le…

L’époque racontée est assez incertaine, entre le début du XXème siècle (il est question du travail des enfants) et possiblement jusqu’aux années 1970 pour certains détails. Chaque double-page s’intéresse à un aspect ou un autre, et le livre, commençant par l’école stricto sensu, s’autorise aussi peu à peu des digressions sur la société en général. Les illustrations très originales, avec beaucoup de personnages, ne sont pas vraiment des dessins d’enfants mais présentent toutefois un côté stylisé qui favorise la mise en scène : une ménagère devant une maison de poupée, des enfants accrochés à un fil de linge, des bébés sur un tapis roulant, etc. Au final, le livre est presque autant un documentaire qu’un album, source évidente de réflexion (ah, le paragraphe sur l’uniforme…). Au fait, savez-vous ce qu’est une lurette ?

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

Y a belle lurette, on ne sait plus très bien quand, il y a longtemps, mais pas tant que ça... les filles et les garçons n'étudiaient pas dans les mêmes écoles et portaient des galoches ou des sabots de bois. Les professeurs avaient le droit de donner des lignes à recopier ou de mettre les élèves au coin à genoux sur des pois secs pour les punir. On n'allait pas à l'école le jeudi et les photocopies n'existaient pas. Les filles n'avaient pas le droit de porter des pantalons ni de voter. L'hiver, au coin du feu, les voisins se réunissaient pour faire des veillées, et non pour regarder la télévision. En bavardant, ils épluchaient des châtaignes, cassaient des noix ou nettoyaient des épis de maïs selon les saisons. Il y avait toujours un très vieux ou une très vieille qui racontait des histoires de l'ancien temps. Souvent à la fin on l'entendait soupirer : "c'était avant, c'était... il y a belle lurette ! "

Un album pour toute la famille, un brin nostalgique, mais toujours joyeux, pour retourner ensemble sur les bancs de l'école, il y a belle lurette !

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