Ainsi font, font, font

Baptiste est un adolescent tout ce qu’il y a de plus « normal ». Il est entouré de parents qui l’aiment, d’un meilleur ami prénommé Xavier et éprouve depuis peu des sentiments amoureux pour Elodie, une fille de sa classe. Or à l’issue d’une dispute avec Elodie, Baptiste se surprend à engouffrer de manière complètement irraisonnée et compulsive une plaquette de chocolat que la jeune fille avait apportée, pour la vomir quelques minutes plus tard. Au collège, « alors que le prof[esseur] est en train de parler, voilà que [sa] main droite se met à cogner la mesure sur [son] bureau ». Une autre fois, alors que Baptiste s’apprête à embrasser pour la première fois Elodie, il la gifle soudainement. L’adolescent, d’habitude si tranquille, commence à sérieusement se poser des questions sur sa santé mentale. C’est grâce à une visite chez le médecin de famille suite à une crise d’une violence extraordinaire que Baptiste aura rendez-vous avec lui-même et devra faire face à un secret de famille, qui sans qu’il le sache, empoisonne sa vie…

Dans ce court roman, Anouk Bloch-Henry prend le pari risqué de choisir comme personnage un adolescent souffrant de dédoublement de personnalité. Pourquoi « risqué » ? Parce que, par le biais d’une narration à la première personne, elle invite le lecteur à se mettre à la place de Baptiste, lequel est certes un adolescent au demeurant charmant, mais qui peut se révéler imprévisible, violent et suicidaire quand il vit une crise. Cet équilibre instable entre gentillesse et pulsions violentes surprend et fait qu’on s’interroge nécessairement sur la santé mentale du jeune garçon, d’autant plus que l’on s’attache sincèrement à ce personnage et à son entourage. Le secret de famille qui éclatera, s’il bouleverse totalement Baptiste, aura le mérite de répondre à certaines de ses interrogations existentielles ainsi qu’aux nombreuses questions qui assaillent le lecteur. Un texte poignant à découvrir.