La tribu des enfants

« La tribu des enfants » : oui, mais la première page ne montre qu’un garçonnet esseulé, habillé d’un manteau de feuilles. Même les bouquetins l’abandonnent ! Dans la neige, il avance, et ne rencontre que des groupes : de manchots, de baleines, de corbeaux, et plus loin dans la jungle d’éléphants, de singes… Les rochers eux aussi s’agglutinent en piles, hum. Mais chemin faisant, le garçon apprend, imite, se mêle aux autres, se prête aux jeux ou est, parfois, mis de côté. Et puis enfin, au bord de la plage, après force mystère et rêves, le petit trouve sa tribu d’enfants. Elle est accueillante, elle est joyeuse, la vie continue.

Le dessin de Lane Smith est à nul autre pareil : tacheté, moucheté façon impressionniste, à la fois stylisé et précis, toujours évocateur et aussi cadré de façons multiples et malicieuses, pertinentes. Les histoires du même Lane Smith sont elles aussi uniques, souvent symboliques, immensément suggestives, touchant à l’essence humaine. Ici, c’est donc au lecteur de s’amuser d’une part avec les pérégrinations de ce petit bout de garçon, et d’imaginer d’autre part la force de ce qui est raconté. Il est question de vie en société, d’acceptation, un temps ou longtemps, de l’autre, du fait de grandir peut-être aussi. Chacun construit son album sur une trame aussi belle à voir qu’à porter dans son cœur. J’ai beaucoup aimé.