Mon papa est un soleil

Comment grandir près d’un père qui fait de l’ombre ? On connaît plus de mères abusives ou d’ogresses que de pères. Cet album a le mérite d’aborder ce thème peu fréquent : si mon papa est un soleil alors qui suis-je, moi ?
Par la voix et les yeux de l’enfant, on voit le Papa faire des choses extraordinaires, « siffler, faire ses lacets », qui nous paraissent bien modestes ou même un peu ridicules « toucher le bout de son nez avec sa langue ». Cela suscite le rire de maman, les lecteurs apprécieront l’ironie involontaire du tout-petit. On mesure le décalage entre ce qui émerveille l’enfant comme un inaccessible « il est trop fort (pour moi), il sait tout faire » et la modestie de ce qu’il sait faire dont l’enfant n’est pas conscient. Le récit est construit sur une progression. Toutes ces actions admirables, claquer des doigts, sauter sur un pied, le conduisent à ce commentaire : « je ne suis qu’une toute petite étoile qu’on ne remarque pas ». Mais heureusement la seconde partie du récit est la résolution de ce conflit intérieur. Modeste aussi et tendrement dérisoire, la confection d’un gâteau est la preuve que je sais faire quelque chose donc que je vaux quelque chose.

A grands traits, jaune d’or et blanc, quelques coups de crayon pour porter le dessin sommaire, un peu caricatural, la simplicité de l’illustration est au service de l’expression. Sous des allures légères et insouciantes, un album qui ouvre des perspectives et des questions d’une grande finesse.