Passage

Passage. Deux silhouettes tombent, un homme, une femme, tête la première, quelle chute ! Ou bien, dansent-ils une valse inversée, les mains à peine disjointes ? L’illustration de la couverture est dans le déséquilibre, marque du « passage ». 29 poèmes courts illustrent l’inquiétude. Souriants ou graves, faisant appel à la mythologie ou non, tous disent la fragilité de la vie et « ce passage qui ne passe pas ».

François David utilise tous les secours de la langue, l’alexandrin et l’allitération :

« Un silence si long est-ce encore un silence ? »

ou bien le pied de nez de l’onomatopée :

« Ouf ou plouf ? »

Ou encore le double sens :

« A tout moment / embarquement pour s’y taire / Oyez ! / Venez ! » On a connu des invitations plus galantes….

Peu de ponctuation et pourtant beaucoup d’ampleur dans ces poèmes, aphorismes, sentences d’un humour noir grinçant. Quelques mots et s’ouvre à nos mémoires Cerbère, le chien des enfers, et Charon le passeur. Les textes s’enchaînent, s’enroulent autour de l’idée de passage et forment comme une tresse : embarquement / débarquement ; court / long ; voyage / vertige ….
L’illustration de Consuelo de Mont-Marin offre un élégant contre-point à cette variation. Un fil noir, celui du trait, donne vie aux personnages minuscules qui s’animent sur la page. Aucun vêtement ne les masque. Ce fil de la vie est celui que coupe la Parque. Texte et image, nous n’échapperons pas, les auteurs nous (re)tiennent dans leurs filets. Petit opuscule, grands effets.