Le fantôme de Canterville

« Le lendemain, le fantôme se sentit très faible, très las. […] Il garda la chambre pendant cinq jours et finit par se décider à faire une concession sur l'article de la tache de sang du parquet de la bibliothèque. Puisque la famille Otis n'en voulait pas, c'est qu'elle ne le méritait pas, c'était clair. Ces gens-là étaient évidemment matérialistes et parfaitement incapables d'apprécier la valeur symbolique des phénomènes sensibles. » (p. 39)... L'ironie grinçante d'Oscar Wilde en quelques lignes, appliquée à tout et n'importe quoi comme il s'entend. Nouvelle géniale développant sa critique sociale à partir d'une simple maison hantée, Le fantôme de Canterville est souvent étudié en classe. Sans images.

Barbara Brun répare l'injustice, apposant son univers farfelu aux accents sixties (les couleurs, les habits) sur un texte détonnant qui n'attendait que cela. On aime ou pas ces illustrations un peu décalées - certaines font penser à Tim Burton - mais on ne peut qu'apprécier leur créativité. Elles réinventent l'histoire, ou plutôt lui donnent une saveur supplémentaire. La traduction d'Albert Savine est excellente (texte intégral), la maquette recherchée ne lasse pas le lecteur et la grande taille donne une impression de beau livre précieux. Alors, comme en plus, on rit bien, je crois qu'il ne faut pas se priver...