Ma famille normale (T. 1). Ma famille normale contre les zombies

Prenez une famille nombreuse, deux parents, quatre enfants. C'est la fille aînée qui raconte, elle est bientôt victime d'une fracture du coude en vacances bretonnes chez les grands-parents. Le père, grand, roux, se prénomme VanZan (Vincent en se bouchant le nez?) et écrit des romans « qui relatent les aventures de garçons qui se transforment en ours quand ils saignent du nez ou de jeunes filles poursuivies par des policiers corrompus sur des réseaux sociaux ». Hmmm... Difficile de ne pas voir dans ce livre aux couleurs pétantes un bout d'autobiographie. Oui, mais voilà, il est question de zombies, de batailles façon jeu vidéo (le frère aîné l'explique très bien) et d'échappées sous l'eau en camion blindé. Alors, oublions le vrai du faux, gardons le côté humoristique et profitons-en.

On rit intelligemment, avec des jeux de langue assez virtuoses, des rebondissements d'une inventivité folle (« Ce paisible intermède xylophage vous est offert par le site www.la quietudeparlesrongeurs.com », sous la gravure de castors grignotant leurs branches et au beau milieu d'un combat sanglant), des citations de la cadette mêlant grands classiques et culture populaire, des explications au pied de la lettre qui utilisent Wikipedia aussi bien que le schéma détaillé. Car l'ouvrage au ton résolument caustique et qui n'en dévie pas est également abondamment illustré, en noir et orange fluo, du dessin d'horreur à la gravure fine. Bien souvent d'ailleurs, texte et dessin se conçoivent de concert, pour une lecture rapide, délirante, complètement adaptée au thème, et ce jusqu'au rideau final.

On frôle l'overdose sans jamais l'atteindre, et le plaisir de lecture reste intact, identique à celui que l'on trouve chez Luc Blanvillain, un autre amateur de mots et de situations embarrassantes dans tous les sens du terme. Sans complexe et avec à-propos, les auteurs clament dans les remerciements leur admiration à Desproges, Goscinny, Gotlib et les Monthy Python : le parrainage est glorieux, et c'est tout à leur honneur de pouvoir perpétuer une certaine tradition du rire osé et dosé. Last but not least, « ce livre a été réalisé sans souffrance animale excessive ». Alors, que demander de plus ?