Enterrement d'une vie de cancre

Le narrateur Bruno cultive avec soin son rôle de cancre et pitre de service de sa classe de collège en ZEP. Son avenir professionnel lui est aussi lointain qu'un billet gagnant au loto. Et puis arrive Madeline, look gothique, petit génie sans effort. Bruno a un coup de cœur. Sans même se rapprocher de Madeline, il commence à travailler, fait moins le clown, évolue... et ses notes aussi. Voulant comprendre ce qui lui arrive, il espionne la jeune fille, et découvre son secret : Madeline est handicapée des deux jambes.
Ecrit à la façon mi-ironique mi-drôle d'un roman adolescent qu'on jurerait plutôt léger (la série « Comment rater... » d'Anne Percin, par exemple), Enterrement d'une vie de cancre cache sa profondeur et les fêlures de ses héros. Le narrateur Bruno est extrêmement sensible, capable d'exprimer ses ressentis avec précision : l'envie de changer à partir d'un petit rien, le rôle comique dont il s'est fait lui-même prisonnier, les réactions étonnantes de parents qu'il rend heureux, etc. Madeline, bien que vite amie proche, conservera une réserve qui la rend sans doute moins attachante, alors qu'on a déjà du mal à croire qu'elle ait pu cacher son handicap aussi longtemps. Tout se passe comme si le roman, sur une base solide, fine et claire, refusait ensuite qu'on se l'approprie avec ce personnage trop mystérieux apportant une fin en forme de fuite...