Fatima et les voleurs de clémentines

Enfin, un album qui nous entraîne ailleurs, dans un cadre qui dépayse et dans un décor qui enchante ! Dans ce livre publié par la Bagnole, une maison d’édition qui se démarque ces jours-ci par son audace, Mireille Messier nous entraîne en Afrique du Nord, ce qui assure déjà une originalité certaine à son récit. Trop peu d’albums publiés au Québec présentent en effet des histoires situées hors de l’Amérique du Nord.

Un matin, Fatima et son grand-père découvrent que des éléphants ont piétiné leur verger de clémentines. Comment arrêter ces mastodontes gourmands et sauver le verger, qui est le gagne-pain de l’aïeul ? Après avoir tenté en vain de les éloigner par diverses approches douces, le grand-père se résout à se procurer un fusil pour se débarrasser des pachydermes. Heureusement, Fatima a une meilleure idée. Grâce à l’appui de ses minuscules alliées, les araignées, la fillette trouve une façon de préserver le verger sans abattre les éléphants. Le dénouement du récit s'inspire d’ailleurs d'un proverbe africain : « Avec assez de toiles d’araignées, on peut arrêter les éléphants. »

Le texte de Mireille Messier, une auteure de l’Ontario français, est fluide et évocateur. Habile à doser le suspense, elle mélange adroitement réalisme et fantaisie.
Les illustrations, signées Gabrielle Grimard, sont un mélange d’aquarelle, de gouache, d’huile et de crayon de bois. L’artiste s’éloigne ici de sa palette habituelle (rose et romantique), et opte pour des teintes de terre qui rappellent le Maroc. Les images n’en restent pas moins lumineuses, notamment cette illustration formidablement poétique, où la petite Fatima rêve que la lune se transforme en un immense pamplemousse. Autre image forte que celle du fusil qui devient un tuteur pour un arbre blessé.

Subtilement instructif, doucement exotique, ce récit dégage le charme d’un conte traditionnel, avec juste ce qu’il faut de richesse et de profondeur pour soutenir de nombreuses relectures.