Quatre filles et un jean pour toujours

Les quatre filles ont perdu leur jean magique depuis des années, mais leur amitié ne s'est pas effilochée. Certes, elles ont maintenant la trentaine, et chacune a suivi un chemin différent, d'ailleurs pas forcément celui attendu eu égard à leur adolescence. Lena stagne dans ses projets artistiques et passe son temps à regretter son amoureux perdu, le beau grec Kostos. Bridget papillonne en Californie, soutenue par un Eric qui ne parvient pas à l'attraper dans ses filets. Carmen est devenue une actrice en vue, à deux doigts de se marier avec un producteur. Tibby enfin, est partie en Australie avec son compagnon Brian. L'éloignement des cœurs les guette, et Tibby initie des retrouvailles communes en Grèce, dans la maison des grands-parents de Lena.
On aura bien évidemment lu les quatre premiers tomes avant le dernier, et quel plaisir alors de retrouver ces héroïnes de papier ! Une sensation de familiarité se ressent dès les premières pages, et l'écriture généreuse de Ann Brashares nous entraîne encore dans le tourbillon des vies et des sentiments des quatre drôles de soeurs. Nous les suivons alternativement, glissant sans difficultés d'une problématique à une autre. La pétulante Carmen sert toujours de « rapporteur » privilégié, même si elle aussi sera ici largement ballottée par les événements. Le narrateur externe use et a raison d'abuser d'un discours indirect libre qui rend ces jeunes femmes étonnamment proches.
Tout s'accélère dans ce tome, véritable condensé de ce que peut réserver l'existence : naissances et disparitions, prises de conscience et décisions professionnelles et/ou amoureuses, etc. Au premier tiers du roman, un événement dramatique vient bouleverser le ton naturellement léger de la série, signe d'une maturité et d'une page qui se tourne... Le rire et les larmes se mêlent, la vie reprend envers et contre tout, des petits riens ou des grands chocs continuent à faire évoluer et grandir les filles, désormais jeunes adultes. Il ne s'agit pas de se reconnaître en l'une d'elles, mais simplement de les accompagner comme on le ferait de bonnes copines d'enfance. On l'aura compris, la série « Quatre Soeurs » s'adresse à un lectorat féminin, et sur plusieurs années, un peu comme Harry Potter se suit d'histoire en histoire. Une alchimie délicate et très particulière se met en place et recommence à chaque nouvelle aventure, le tout sans ficelles d'écriture, juste avec une belle sincérité. Un grand succès populaire, au sens le plus noble du terme.