Le Pacte de Minuit (Tome 1)

Agora est une ville où littéralement tout se vend et s’achète : de la farine de blé à la servitude humaine, des émotions aux poissons frais. Par un concours de circonstances, le jeune Mark prend la place en vue du riche astronome pour lequel il travaillait et s’intègre alors dans la cité. Au contraire, son amie Lily, apprentie d’un médecin, perturbe le système économique en ouvrant un dispensaire destiné à aider gratuitement les plus nécessiteux. Parallèlement, l’un comme l’autre sont pris dans un engrenage qui les dépasse, un Pacte de Minuit rédigé par les dirigeants et destiné à vérifier si Agora fonctionne sur des bases saines.
Les règles économiques d’Agora font sans hésitation référence à nos sociétés libérales, simplement poussés à un extrême fantastique qui fait froid dans le dos : voilà pour le clin d’œil moderne, en forme de leçon implicite. L’atmosphère urbaine confinée, le brouhaha ambiant rappellent eux un Londres industriel du XVIIIème ou XIXème siècle, un peu dickensien. Enfin, la galerie de personnages rentre dans une grande tradition romanesque touffue, peuplée d’âmes honnêtes autant que d’esprits tortueux, dont les histoires évoluent en parallèle racontées par un narrateur externe, ce tantôt dans les beaux quartiers dorés, tantôt dans des ruelles sombres et crasseuses. Mark, faible et influençable, s’oppose alors à la fière et généreuse Lily, pour laquelle on prend évidemment partie. Il est difficile de résumer le mystère même du Pacte de Minuit, destiné à être développé dans les prochains tomes de cette trilogie. J’ai beaucoup pensé à l’ambiance baroque, l’écriture foisonnante du Voyage de Mosca de Frances Hardinge (Gallimard jeunesse, 2006) et à La Douane Volante de François Place (Gallimard, 2010). Suivons donc l’imaginaire très riche si pas complètement novateur de ce jeune auteur de 26 ans.