L'étoile Noire

Eté 1936, Espagne. Esteban se rend dans un monastère de Barcelone : pour continuer à étudier, il a décidé de se faire moine. La guerre civile éclate durant le trajet en train ; Esteban est séparé de sa mère. Arrivé à Barcelone, il n’aura de cesse de la retrouver. Il découvre une ville bouleversée, et une utopie démocratique en marche…
Le roman prend une forme épistolaire, échanges entre Esteban et sa sœur Telma restée en province entrecoupés d’extraits de leurs journaux intimes respectifs. Il s’enchâsse encore dans une approche universitaire : il serait la reconstitution minutieuse d’une certaine Lucile Butrillas (Lilian Bathelot…) en possession des lettres. On ne s’étonnera pas alors de son extrême documentation sur la période, notes de bas de page et postface plus qu’utiles à l’appui. Mais le lecteur peut choisir de mettre le contexte historique de côté et se laisser porter par l’histoire familiale et amoureuse du héros Esteban. Si ce dernier est le personnage-pivot, il n’est pas le principal : les femmes qui l’entourent montrent des caractères volontaires et un sens développé de la survie. Anciennes prostituées converties en pasionarias politiques, campagnardes prêtes à donner leur vie pour la liberté, toutes ont des parcours rocambolesques à raconter. Au final, on retrouve dans cette intrigue quasi-policière une patte, un style particulier de l’auteur, qui s’épanouit à développer des relations humaines fortes pour ne pas dire extrêmes dans de brillantes constructions complexes.