Faux raccord

Le personnage principal est un jeune homme ordinaire. Il a rencontré une fille dans le bus, dont il est tombé éperdument amoureux. Mais celle qu’il surnomme Joli Cœur ne partage pas ses sentiments. Après un voyage du garçon aux Etats-Unis, la rupture éclate. L’éconduit revient sur les traces de cet amour perdu…
Sujet éternel, traité avec pudeur et sensibilité par Per Nilsson qui a reçu de nombreux prix pour ce roman publié en 1992. La forme est très originale : les courts chapitres fonctionnent par deux, un premier où le jeune homme observe un objet, un second où le lecteur apprend l’importance de cet objet dans la relation. Ce faisant, nous suivons chronologiquement la rencontre, les premiers rendez-vous, le voyage aux Etats-Unis, le retour raté, la fin cocasse mais brutale… Le narrateur omniscient se pose en réalisateur de cinéma, intervenant dans un récit très visuel par des indications précises : « STOP ! Il faut refaire cette scène. Au ralenti. Gros plan. » (p.46), par des intrusions dans la psychologie du héros qui peuvent influer sur ses attitudes physiques, etc. Le résultat rare plaira aux adolescents par sa simplicité et sa délicatesse : avec Faux Raccord, on touche à l’essentiel des sentiments.
A mettre en parallèle avec J’ai besoin de toi plus que je ne t’aime et je t’aime si fort, de Gunnar Ardelius (Naïve, mars 2008) : un auteur suédois, le thème de l’amour déçu, et une même volonté d’écriture cinématographique. Mais Gunnar Ardelius s’est un peu égaré dans cette piste, jusqu’à une certaine pose.