Sur les traces de Siri Aang

Au Kenya, dans une réserve, aujourd’hui. Namelok est une jeune Massaï qui vit avec sa famille de façon traditionnelle. Mais la petite fille ne veut pas devenir trop vite une femme et subir l’initiation : elle aimerait aller à l’école, se promener toujours librement dans la savane. Un jour, elle assiste à la naissance d’un petit rhinocéros, qu’elle baptise Siri Aang, « notre secret ». Quand Siri Aang et sa mère disparaissent, Namelok va essayer de les retrouver, de les protéger.
Cristina Kessler, comme elle l’explique en postface, a vécu pendant dix-neuf ans en Afrique, et elle écrit à partir de ses expériences. Elle n’a pas besoin de longues descriptions des paysages ou des habitats pour rendre perceptible sa connaissance intime du Kenya actuel, il lui suffit de suivre sa petite héroïne dans ses déplacements quotidiens, et c’est avec beaucoup de naturel que nous découvrons un pan préservé de ce pays, une réserve naturelle à peine envahie par la civilisation. Féministe et écologiste sans le savoir, parlant toute seule, Namelok l’adolescente volontaire est très attachante. Elle écoute beaucoup, les Anciens –dont son père -, les jeunes, les femmes, les légendes masaï racontées le soir sous l’arbre. Et elle se fait sa propre idée, moyen terme entre tradition et modernité. C’est en effet un monde en mutation qui apparaît à travers ses yeux, un peuple torturé, divisé entre la résistance farouche à tout emprunt aux villes et la soumission totale aux désirs des touristes. L’argent remplace la solidarité, et les Masaï peinent à trouver un nouveau mode de vie. Namelok en fera l’amère expérience… mais poursuivra sereinement sa voie. Un roman rare sur l’Afrique actuelle, triste et plein d’espoir à la fois.