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Age-cible

L’Affaire Lady Alistair (Les Enquêtes d’Enola Holmes, tome 2)

Sélection des rédacteurs
Rose-Marie Vassallo
Roman
à partir de 11 ans
: 209251301X
13.50
euros

L'avis de Ricochet

Londres, fin du XIXème siècle. La jeune sœur du célèbre Sherlock Holmes, Enola Holmes, a décidé de vivre seule, suite à la disparition inexpliquée de sa mère. Sous couvert d’une fausse agence de détectives, elle mène l’enquête à propos de sa mère, et ne dédaigne pas en même temps de résoudre d’autres énigmes. Une chose est sûre : elle ne sera pas la demoiselle de bonne famille qu’imaginent ses frères !
Enola est la narratrice des ces aventures passionnantes et amusantes. Dans des monologues intérieurs tout sauf pesants, elle s’exhorte au courage, à la réflexion, à l’action… (« Bonté divine ! Avais-je donc l’air d’une érudite ? […] Hum ! vigilance, vigilance. », p. 133). Elle nous donne moult détails sur ses habits, sa façon de se maquiller : un roman pour filles ? Certes, mais ces précisions participent essentiellement du fort accent sociologique du roman. Encore davantage que dans le premier tome, Nancy Springer donne une vision très complète des mentalités et des réalités de l’époque. Il y a d’abord la pauvreté des grandes villes, cantonnée à certains quartiers qui sont de véritable coupe-gorge mal éclairés et puants, et dans lesquels l’héroïne s’aventure de nuit, déguisée, pour distribuer nourriture et couvertures. Ensuite, c’est le temps du marxisme et de ses mouvements dérivés, la révolte gronde parmi les petites gens et les ouvriers sont prêts à descendre dans la rue. Enfin, l’extrême misogynie ambiante est donnée à voir entre autres à travers Enola et sa mère, obligées de fuir pour exister en tant que femmes. Mais les suffragettes restent actives, et Enola « fonctionnalise » son corset en réservoir de poches ! Tout le roman est tendu vers, sinon une dénonciation, du moins une mise en lumière de la situation tout à fait particulière du Londres de la fin de l’ère victorienne. Du point de vue de l’intrigue, L’Affaire Lady Alistair est une variation sur l’enquête du premier tome, plus aboutie mais sans vraiment d’originalité : Enola se charge une fois de plus de retrouver une jeune noble disparue, qui étouffait sous le poids des convenances, et qui a été hypnotisée par un jeune profiteur soi-disant anarchiste. Notre enquêtrice ressemble de plus en plus à son frère admiré : déguisements multiples, attention portée aux détails (allant jusqu’à des considérations sur les droitiers/les gauchers), pratique du dessin qui l’aide à se concentrer (voir le violon et… la cocaïne chez Holmes). D’ailleurs, elle dame plusieurs fois le pion à Sherlock, pénètrant chez lui pour lui dérober le cahier de sa mère, résolvant l’affaire Cécily Alistair toute seule… Car si elle utilise bien « [s]on esprit de déduction logique », elle se laisse aussi guider par sa sensibilité : « Une fois de plus, c’est l’intuition plutôt que la raison raisonnante qui me dicta que dessiner. » (p. 224) : ne s’agit-il pas d’une supériorité féminine ?! Le « taratata » final que la jeune fille adresse à ses frères laisse présager d’autres épisodes plaisants !

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