Le Livre des débuts d’histoires

1914, la campagne américaine. Parce qu’il adore écrire, le jeune Oscar entame un livre de débuts d’histoires… qui vont devenir vraies. Il disparaît alors sur un océan qu’il a imaginé en bas de la ferme. De nos jours, la même campagne. Lucy et ses parents ont hérité de la ferme, et la petite fille mène l’enquête sur son aïeul Oscar. De fil en aiguille, les deux enfants se retrouvent, et ils doivent aller sauver le père de Lucy transformé en corbeau, perdu dans un monde où le roi et ses chats s’oppose à la reine et ses oiseaux…

Le titre est accrocheur, l’idée qui le sous-tend originale : faire devenir réels des débuts d’histoires écrits par des personnages, histoires qui se développent ensuite selon leurs propres règles, qui finissent par se mélanger les unes aux autres, et dans lesquels les personnages ci-dessus cités participent. Tout en mises en abyme, l’ouvrage est donc malin, quoiqu’un peu embrouillé par moments : l’origine de la querelles des époux royaux, les hommes transformés en chats… Le pourquoi du comment s’oublie facilement, et les arguments des intrigues secondaires se télescopent les uns les autres avant des dénouements en rafale (il n’était peut-être pas obligé de clore chaque protagoniste). Plus court, plus resserré, le roman aurait sans doute été davantage percutant. Les références aux classiques de la littérature jeunesse sont nombreuses : L’Ile au Trésor, Le Monde de Narnia… sont autant d’ouvrages invoqués par Oscar et Lucy, eux-mêmes inventeurs de (débuts de) récits pleins de poésie, souvent révélateurs de leur inconscient. La richesse de cet ouvrage touffu se manifeste enfin par un vocabulaire, une syntaxe soutenus et des réflexions quasi-philosophiques sur la création : « - C’était un personnage dans une histoire, et ce sont les histoires qui décident du sort des personnages, expliqua Oscar. […] Moi, je crois que c’est le contraire, dit-elle enfin. Ce sont les personnages qui déterminent le cours des histoires. Après tout ils ont leur mot à dire. » (p. 336). Vous en connaissez beaucoup des romans fantastiques jeunesse qui intègrent de telles réflexions directement dans le texte ? Rien que pour ça, il mérite lecture.