La Fille qui ne digérait pas le divorce de ses parents

Les parents de Louise, quinze ans, divorcent. Avec ses deux frères, elle suit sa mère ; la maison reste à son père et sa nouvelle femme. Mais Louise ne veut bientôt plus voir ce père traître. Elle ne digère pas tous les changements de sa vie, au sens propre : vomissant mécaniquement tous ses repas, on la soupçonne même d’anorexie. Puis, par le biais de sa mère, elle rencontre Nicolas, jeune professeur, adulte ténébreux. Bien vite, Louise s’imagine une compétition amoureuse avec sa mère…

Pendant évident au Garçon qui ne s’intéressait qu’aux filles, Ellen Willer propose un nouvel épisode adolescent sur un sujet désormais incontournable de la littérature de jeunesse. Mais le divorce n’est pas seul ici au centre du roman : il ne s’agit pas des difficultés d’un enfant ballotté entre deux parents, ni de l’apprentissage de la vie au sein d’une famille recomposée. L’auteur bifurque vite vers un amour délicat avec un homme plus âgé et une rivalité mère/fille très intéressante, surtout parce que finalement fantasmée ! Divorce ou pas, l’héroïne se détache sainement et petit à petit de sa famille, accédant à une adolescence autonome où tous les chemins lui sont ouverts. Et arrêtant de vomir par la même occasion. Le lecteur s’attache avec affection aux pas de Louise, romantique à souhait, tandis qu’une distance – apportée par une narration externe et un récit à l’imparfait - donne une tonalité originale à ce court roman très moderne, mélange de lucidité et de délicatesse.