L’Eté du brochet

Claire et ses amis David et Lucas auraient pu passer un été tranquille de jeux dans la campagne. Mais la mère des deux frères est atteinte d’un cancer incurable. Elle vit ses derniers moments chez elle, aidée par la mère de Claire. Pour sauver leur maman, David et Lucas décident qu’il leur faut pêcher « le roi des brochets ». Ils y parviendront, trop tard…

Le château où travaillent et vivent les parents des enfants est un monde en vase clos, au temps suspendu. Les adultes sont en retrait, comme absents émotionnellement de cette histoire centrée sur la psychologie des trois jeunes.
La narratrice Claire pose sérieusement les événements l’un après l’autre ; elle emploie un vocabulaire simple, des phrases courtes. L’expression sur un même plan des observations de détails, des petites actions de la vie quotidienne et des sentiments très forts renforce l’impression sinon de malaise, du moins d’étrangeté qui règne sur cet été. Une tristesse sans pathos le voile, un regret de quand tout allait bien : pour les garçons avant la maladie de leur mère, pour Claire lorsque la sienne s’occupait plus d’elle et que son père était là (« Il y a un avant, il y a un après, et il y a un maintenant. […] Maintenant, c’était l’instant où j’aurais voulu redevenir toute petite. », p. 28-29). L’attitude de Claire est d’ailleurs parfois ambivalente, elle oscille entre compassion pour David et Lucas et jalousie de l’attention que porte sa mère aux deux frères. Très peu de personnages extérieurs interviennent, ou alors négativement par rapport à la petite communauté finalement très solidaire : commérages, moqueries... L’Eté du brochet, avec son image naïve du poisson qui court tout du long du texte, constitue un roman singulier sur la mort, où l’émotion intense jaillit paradoxalement de la sobriété.